On commence l'année avec un très bon article sur de bonnes résolutions avec un modèle à la fois diffèrent et somme toute dans la lignée du message de la clinique que je cherche à véhiculer.
Ce texte est une synthèse en français d'un très bon dossier, très complet, en anglais, de Francis Heylighen, sur le site de l' « Evolution, Complexity and Cognition Group » de la Vrij Universiteit Brussel. Ce résumé a été publié avec l'autorisation de l'auteur. Repris sur le groupe Facebook H.I.I.T club
'' La philosophie de l'évolution permet de développer un mode de vie sain et heureux. En comprenant comment nous avons évolué en tant qu'êtres humains, nous aurons une meilleure compréhension de notre fonctionnement optimal.
La sélection naturelle a modelé notre corps et notre esprit pour une vie de chasseur-cueilleur. Les hominidés ont vécu de cette manière durant des millions d'années. L'agriculture n'apparaît qu'il y a plus ou moins 10.000 ans au Moyen-Orient, et plus tard dans le reste du monde. Par conséquent, nos gènes n'ont pas encore eu réellement le temps de s'adapter au style de vie de travailleur agricole ou industriel. Ils nous préparent toujours à une vie de chasseur et de cueilleur.
Cela signifie qu'il y a un problème fondamental d'adaptation entre notre style de vie actuel et le style de vie auquel nos gènes s'attendent. Cette discordance peut expliquer une foule de maladies appelées « maladies de civilisation » : maladies coronariennes, obésité, cancer, diabète, Alzheimer, dépression, stress chronique, anxiété, trouble du déficit de l'attention, etc. Ces maladies dégradent notre corps et notre esprit, tout en réduisant significativement notre espérance de vie et notre bien-être.
De ce point de vue, quel est l'aspect le plus fondamental du mode de vie du chasseur-cueilleur ? Celui-ci concevait la vie comme une aventure, c'est-à-dire comme une suite de challenges et de défis, à l'opposé de nos vies hautement régulées.
Le stress vécu par le chasseur-cueilleur est vif et intense : fuir devant un ours, tomber d'un arbre, traverser une rivière à l'eau très froide, etc. Ces stress sont de courte durée, mais intenses (de quelques secondes à quelques heures). La décharge d'adrénaline est suivie rapidement par un sentiment agréable de relâchement.
A l'inverse, le stress de la vie moderne est typiquement chronique, c'est-à-dire de faible intensité, mais de très longue durée (de plusieurs semaines à plusieurs années). Ce stress provoque entre autres un niveau élevé de cortisol, une hormone qui tend à diminuer la masse musculaire, affaiblir le système immunitaire, favoriser l'obésité, l'anxiété et la dépression.
Tout cela peut paraître naïf et utopique, mais l'état actuel de la technologie pourrait précisément permettre de se détacher des tâches pour lesquelles nous sommes les moins adaptés, au profit de tâches plus créatives et aventureuses…
LES PRESCRIPTIONS PALEOLITHIQUES :
1. Mangez abondamment les aliments que les chasseurs-cueilleurs mangeaient : viande, poisson, végétaux, fruits, noix, œufs, etc…. de préférence d'origine naturelle. Ces aliments contiennent de hautes concentrations de tous les éléments importants dont notre corps a besoin pour se développer et se réparer : protéines, graisses, glucides (en relativement petite quantité), vitamine, antioxydants, minéraux et fibres. Nul besoin de compter les calories : avec cette nourriture, vous serez vite rassasié, vous gagnerez du muscle et perdrez de la graisse (surtout en combinaison avec des exercices de renforcement musculaire).
2. Evitez la nourriture que les chasseurs-cueilleurs ne mangeaient pas : tous produits basés sur des grains (pain, riz, maïs, céréales, pâtes, etc.), sucres, produits laitiers, huiles végétales, et les produits manufacturés contenant de nombreux additifs, comme les cookies, les doughnuts, les bonbons, les hamburgers.
Particulièrement dangereux sont les aliments avec un index glycémique élevé, qui contiennent beaucoup de glucides rapidement assimilables par le corps, augmentant donc rapidement le taux de glucose dans le sang.
3. Sautez des repas de temps à autres : les chasseurs-cueilleurs ne mangeaient pas à heure fixe. La pratique du « jeûne intermittent » sans réduction de la quantité totale de calories a été prouvée comme améliorant significativement toute une variété d'indicateurs de santé, comme les niveaux de cholestérol et de glucose, ainsi que l'obésité.
4. Bougez régulièrement en variant la puissance : énormément de repos, beaucoup d'activités à faible intensité comme la marche, le vélo, la natation ; une activité régulière à niveau moyen, et de temps en temps une courte poussée à très haute intensité, comme le sprint, le saut ou lever des charges lourdes.
5. Rendez vos exercices aussi variés et intéressants que possible, en vous inspirant des mouvements du chasseur-cueilleur ou des enfants : escalader, lancer, sauter, soulever, porter, lutter, etc. A place d'utiliser des machines qui ne permettent qu'un seul type de mouvement, utilisez des objets variés, comme des pierres, des troncs d'arbre, etc. La variété des forces stimule le corps et le cerveau vers davantage de coordination, vous prépare mieux pour l'inattendu, et par conséquent augmente votre sentiment de contrôle.
6. Passez un maximum de temps dans la nature (pour l'entraînement ou la détente), ou du moins modifiez votre environnement afin qu'il apparaisse plus « naturel » (en mettant des plantes dans un bureau, etc.). Des douzaines d'études sur la biophilie (notre attraction innée pour la nature) ont montré que cela augmente la santé mentale, le bonheur et la récupération après la maladie.
7. Exposez-vous régulièrement aux rayons du soleil (sans brûler évidemment) : la lumière du soleil est nécessaire pour que notre peau produise de la vitamine D, mais permet aussi de favoriser le système immunitaire, de prévenir du cancer, et de construire des os solides. Inversement, le manque de soleil est cause de dépression.
8. Exposez votre corps aux éléments : marchez (ou courez même) pieds nus, portez des vêtements « minimum », prenez des bains/douches très chauds et très froids, allez au sauna, n'ayez pas peur de sortir en cas de mauvais temps. Le corps humain n'est pas seulement conçu pour résister à ces stress physiques, il est stimulé par ceux-ci et devient plus fort. Par exemple, marcher pieds nus renforce les muscles, les tendons et la coordination générale, réduisant la probabilité de problèmes ponctuels ou chroniques comme les pieds-plats, les blessures au genou ou les maux de dos. Les bains froids ont prouvé leur intérêt pour booster le système immunitaire ; et les saunas protègent et réparent les cellules du corps.
9. N'ayez pas peur de la saleté : les sociétés modernes tendent à être obsédées par l'hygiène, nous rappelant constamment de laver, désinfecter, etc. Pourtant, notre système immunitaire doit apprendre à distinguer les pathogènes dangereux, des germes inoffensifs et de nos propres cellules, afin de lutter efficacement contre le pathogène. Pour arriver à cela, il a besoin d'être exposé à une variété de micro-organismes communs. Sans une telle exposition depuis le plus jeune âge, le risque est plus grand de développer des allergies, des déficiences auto-immunitaires, etc.
10. Jouez, explorez et testez de nouvelles choses : ne laissez pas votre vie gouvernée par les routines, les plans, les règles et les attentes, mais expérimentez plutôt de nouveaux défis ; explorez de nouvelles places, idées et activités, de manière spontanée et ludique. La meilleure inspiration peut être la manière qu'ont les enfants de jouer et d'explorer, toujours prêts pour de nouvelles choses à tester.
11. Reposez-vous, relaxez-vous et dormez si vous en ressentez le besoin : votre corps et votre esprit ont besoin de temps pour récupérer, se reconstruire et construire de nouvelles capacités.
12. Soyez dans le présent : arrêtez de penser constamment au passé et au futur – de planifier, de vous inquiéter, de vous sentir coupable, ou plus généralement de vous préoccuper de tout sauf de ce qui est ici et maintenant. Expérimentez pleinement les saveurs, les vues, les sons, les odeurs et les sensations qui vous entourent.
13. Prenez soin des générations futures : gardez les petits enfants en contact physique avec celui qui prend soin de lui (généralement, mais pas nécessairement la mère), mais permettez-leur d'explorer et jouer librement. L'approche protectrice (nurturing) mais permissive est celle des chasseurs-cueilleurs. C'est aussi la base de l'attachement sécurisé nécessaire pour le développement social et émotionnel de l'enfant.
CONCLUSION
Les résultats de ces interventions devraient facilement se voir dans le court terme : plus d'énergie, moins de stress, plus de force musculaire, moins de masse grasse, diminution du taux de glucose, d'insuline, de triglycérides, une meilleure humeur, un corps plus « beau », moins de maladie, plus de coordination, plus de confiance en soi.
Et tout pas dans la bonne direction (et surtout le fait de remplacer de la nourriture hyper-glucidique par de la nourriture riche en protéines et en antioxydants, et d'adopter des exercices de style paléolithique) vous fera vous sentir mieux, et vous encouragera à poursuivre…''